Cinq leçons tirées de 2017
2017 a été une année.
Je sais... cela semble une évidence. Mais 2017 a été remplie de bon et de mauvais, et surtout de certaines leçons. En voilà cinq qui me viennent à l'esprit en cette fin 2017 :
1. Les éditeurs évoluent vers des modèles d'adhésion
Il y a quelques années, nous avions un client qui publiait des livres et des magazines autour de différents centres d'intérêt. Mais il n'était pas possible de "s'abonner" aux produits ; il était nécessaire d'être un "membre" pour les obtenir. Leur croyance était qu'un "membre" était plus fidèle qu'un "abonné". Etant donné les centres d'intérêt couverts (chasse et pêche, et équivalents), je pense que leur attrition faible résidait aussi dans la passion de leurs membres, plus que dans l'exclusivité liée à un marketing efficace autour du mot "membre". Mais voilà, Meredith (qui est en cours de rachat de Time Inc.) a lancé un modèle d'adhésion cette année. Et d'autres acteurs majeurs testent leur propre approche d'adhésion. C'est une bonne chose d'avoir développé Members Advantage en 2016 pour répondre aux demandes des éditeurs s'orientant dans cette direction. Nous l'avons développé pour les associations, dont nombres sont aussi des éditeurs. Mais c'est une solution parfaite et intégrée pour les éditeurs qui ont des adhérents.
2. Le papier restera plus ou moins présent, dans un futur prévisible, mais sa part plus ou moins forte dépendra du type de lectorat.
Analysons la comparaison papier/numérique à un niveau inférieur, par secteur d'édition :
Les éditeurs de Revues savantes / STM (Scientifique Technique Médical) / Académiques ont démarré la création de contenus numériques il y a 20 ans (Incroyable à quelle allure cela s'est déroulé !). Quelques-uns des éditeurs de revues ont ensuite repris leurs archives et numérisé les anciens numéros (mi années '90). Les versions papier de ces revues sont reléguées dans les bibliothèques aujourd'hui. Très peu de chercheurs, surtout dans les disciplines en mutation rapide comme la médecine, sont intéressés par l'attente d'une lecture d'articles en format papier, alors qu'ils peuvent les trouver instantanément. D'autre part, pour de nombreux lecteurs, l'institution à laquelle ils sont rattachés finance l'accès, donc il s'agit d'un contenu "gratuit" pour eux.
Pour les éditeurs professionnels, le modèle classique les rendait dépendant de la publicité papier pour subsister. Nombre de ces éditeurs ont conservé le papier, même si leur publicité n'est qu'une partie de ce qu'elle fut. L'épaisseur des magazines est une preuve suffisante que les annonceurs investissent leur argent ailleurs, et la publicité en ligne est loin de ce que tout le monde espérait en 2017. La consolidation a été le maître mot de l'édition professionnelle depuis plusieurs années afin de réduire les coûts et de s'aligner avec les revenus décroissants.
Pour les éditeurs grand public, le papier est maintenant perçu comme un luxe, et les gens sont prêts à payer pour cela. Oui, même les Millenials et les générations X. Allez juste dans un avion et observez le nombre de personnes qui lisent des magazinnes. Nous allons de plus en plus vers un monde où les personnes sont connectées en continu (le WIFI peut être accessible maintenant dans les avions, les trains, les voitures et les bus). Une fois cet accès totalement couvert, il n'y aura plus besoin de papier, mais il y aura assurément toujours une préférence pour lui.
Pour les livres, notamment professionnels, cela dépend de ses préférences d'après moi. Certaines personnes préfèrent leur liseuse, d'autres aiment leurs couvertures rigides, souples, et cette odeur d'encre sur le papier.
3. Les progrès technologiques dans un secteur impactent en profondeur d'autres secteurs
J'ai assisté récemment à une conférence qui m'a profondément marqué. L'intervenant discutait des voitures autonomes. Une fois prêts pour le marché de masse, de nombreux autres secteurs seront impactés. Par exemple, l'activité des assurances automobiles et les carrossiers, puisqu'il y aura moins d'accidents, l'activité de la santé puisqu'il y aura moins d'accidentés hospitalisés, et même l'affichage publicitaire --- avec plus de passagers et moins de conducteurs, plus de personnes vont lire les panneaux. De même, il est probable que la possession de voitures va diminuer car les personnes "s'abonneront" simplement à une voiture, l'obtenant uniquement en cas de besoin. Aurons-nous toujours besoin de garages dimensionnés pour 3 véhicules ? Et qu'en sera-t-il des immenses parkings près des grands bureaux ? Ou des centres commerciaux ? La manière dont ceci va tout transformer sera fascinant à regarder. J'entends toujours des personnes indiquer que les voutures autonomes "ne marcheront jamais". Ils me font penser à ces fabriquants de calèches au début du siècle précédent, lorsqu'on commençait à parler des "voitures sans chevaux". Cela arrivera. Quand les personnes constateront qu'ils sont plus en sécurité que dans des véhicules avec conducteurs, ils changeront leurs habitudes.
4. Les machines deviennent plus intelligentes que les personnes, et cela peut faire peur
Les avancées de l'intelligence artificielle et des machines apprenantes sont incroyables - bien au-delà de ce que beaucoup d'entre nous pensons, et les organisations et individus doivent être prêts à voir les machines occuper des métiers dans un futur qui n'est pas si lointain. J'ai entendu une prévision qui estimait à 47% le nombre d'emplois aux Etats Unis qui étaient menacés de remplacement par des machines. (Aucun horizon n'était fourni). L'intelligence artificielle est développée à un point où l'art, les scénarios de film et la musique sont créés par des machines. La machine est un artiste ! Couplez cela avec l'accroissement exponentiel et massif de la puissance de calcul des ordinateurs, et les résultats sont de l'ordre du rêve. Un exemple est l'ordinateur quantique, qui pourrait résoudre des problèmes en millisecondes, qui prendraient des millions d'années aux super ordinateurs les plus rapides. Ce n'est pas une coquille.
La question pour chacun d'entre nous est de savoir où se trouve notre valeur ajoutée ? Que sais-je, ou sais faire, ce que l'ordinateur ne sait pas ? Une de ces choses est de socialiser avec d'autres personnes. Nous sommes des êtres humains, et les humains ont besoin d'interactions avec d'autres humains pour survivre. C'est pour cela que nous avons des liens : des amis, de la famille, des collègues et des camarades de classe. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je n'aimerai pas qu'un robot soit mon enseignant dans une salle de classe.
5. La vie est courte - passez du temps avec ce que vous aimez
En février de cette année, ma mère est décédée à l'âge de 88 ans. Sa vie a été étonnamment "courte". Quand vous avez 25 ans, 88 semble éloigné d'un siècle. Quand vous avez 59 ans comme moi, vous êtes déjà au 2/3 du chemin. Un de mes amis est récemment devenu veuf. Je suis sûr qu'il serait prêt à payer pour passer juste un peu plus de temps avec sa femme. Rappelons-nous pourquoi nous faisons ce que nous faisons - soutenir notre famille - pour ceux que nous aimons. Rappelons-nous que l'équilibre travail/famille nous rend à la fin de meilleurs travailleurs et de meilleures personnes. Le temps passé avec nos proches est sans prix, et cela a un impact que nous ne pourrons peut-être ne jamais voir. Ce que nous faisons et disons peut impacter en profondeur ceux qui nous entourent. J'ai été récemment témoin de la reconnaissance d'un homme exprimé à son père pour toutes les façons dont celui-ci l'avait conseillé et aidé. Son père m'a dit après qu'il n'avait jamais réalisé que ses mots pouvaient avoir un tel impact sur son fils.
Je vous souhaite à tous une nouvelle année 2018 prospère, et nous espérons travailler avec vous sur quelques nouvelles et innovantes technologies !